Manoir de la Rabaterie

Localisation :

La Riche, 75 à 81 rue Saint-François

Dates :

Fin XVe siècle

État du batiment :

Conservé

Manoir de la Rabaterie.
Crédits : Photo © Ophélie Delarue.

Le toponyme du manoir de La Rabaterie est mentionné dans un bail à ferme du 30 septembre 1490 : « De deux pièces de pré en la varenne de Tours, près de La Rabaterie » [Renumar, 30 septembre 1490]. Le manoir apparaît sur une carte de 1619 sous le nom de Motte-Chapon tandis que le cadastre de 1808 le légende sous le nom de La Rabaterie. Il tire son nom de « rabat » qui signifie, dans le folklore tourangeau, l’esprit mauvais troublant les maisons ou un petit instrument en bois que les enfants agitent pour faire du bruit à l’office du Jeudi-Saint [Rougé, 1958, p. 218].

Ce manoir date de la fin du XVe siècle, et selon la tradition, il aurait appartenu au conseiller du roi Louis XI, Olivier de Neckere dit Le Daim. En 1791, il appartient à l’hôpital de la Charité de Tours. Les années 1994 voient la restauration et réhabilitation du manoir en logement [Base POP, IA37005471]. Aujourd’hui, il se situe dans une zone urbaine, à l’ouest du jardin botanique de Tours et à l’est du quartier de La Riche. A contrario, le cadastre de 1808 présente un manoir au milieu d’une vaste étendue rurale entre la Loire, le Cher et le ruau Saint-Anne [AD37, 6NUM10/195/001]. Il se situe non loin du château du Plessis-lès-Tours qui exerça une forte attraction aux XVe et XVIe siècles.

Son plan en U orienté est-ouest se compose d’un long corps de logis flanqué de deux ailes en retour d’équerre vers l’ouest. Élevé sur trois niveaux – un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble –, il présente un traitement différent entre les façades est et ouest. La façade orientale s’ouvre de croisées au premier étage. La comparaison des photographies anciennes et de l’état actuel montre que l’encadrement des croisées, les meneaux et les traverses sont l’œuvre des restaurations des années 1994. Toutefois, les photographies anciennes attestent la présence de baguettes à listel sur le linteau de la Croisée et de la Demi-croisée en partant de la droite. Sa façade orientale était tournée vers le ruau Saint-Anne. 

La façade occidentale est quant à elle moins ouverte et reçoit en son centre une tour carrée abritant l’escalier en vis. Également attestée par les photographies anciennes, l’aile nord est percée d’une demi-croisée qui suit le courant esthétique des fenêtres de la fin du XVe siècle marqué par un appui saillant, des piédroits reposant sur des bases prismatiques, des baguettes croisées aux angles et un larmier formant retour reposant sur des culots feuillagés [Séraphin, 2002, p. 186]. Au sud, un corps de bâtiment accolé accompagne le manoir.

Emmanuel Litoux et Gaël Carré définissent le terme de «manoir» comme « le siège d’un domaine agricole d’essence seigneuriale » et dans le cas des « agglomérations dont l’économie est florissante, la pression foncière incite parfois les riches bourgeois à sortir des villes pour faire bâtir des résidences rurales selon les modèles architecturaux alignés sur les standards de la noblesse chevaleresque » [Carré, Litoux, 2008, p. 12, 28]. Tours fait l’objet d’une pression foncière à partir de 1450 ce qui a pu inciter un riche marchand à faire bâtir le manoir de La Rabaterie en dehors de Tours, sur un domaine agricole, selon les modèles des demeures nobles : les châteaux [Alix, Noblet, 2013, p. 275]. 

 

Bibliographie et sources

Archives départementales d’Indre-et-Loire (AD 37), Tableau d’assemblage, 6NUM10/195/001.
Archives départementales d’Indre-et-Loire (AD 37), Section A1 du Bourg, 6NUM10/195/002.
Base POP, IA37005471 et PA00097943.
Inventaire Général du Patrimoine Culturel, Manoir (La Rabaterie).
Rougé Jacques-Marie, Vieilles demeures tourangelles, châteaux, gentilhommières, manoirs, Tours, éd. Gibert-Clarey , 1958.
Carré Gaël, Litoux Emmanuel, Manoirs médiévaux. Maisons habitées, maisons fortifiées, Paris, éd. Rempart, 2008.
Alix Clément, Noblet Julien, « Les maisons en pan de bois de Blois : réévaluation du corpus d’une ville ligérienne XVe-XVIe siècle », dans Alix Clément, Épaud Frédéric (dir.), La construction en pan de bois : Au Moyen Âge et à la Renaissance, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2013.
Séraphin Gilles, « Les fenêtres médiévales : état des lieux en Aquitaine et en Languedoc », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France (M.S.A.M.F.), hors série, 2002 (La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France), p. 145-201.


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